L'intérêt général dans nos finances
Mettre l’entreprise au service de l’intérêt général implique d’en remettre en question le fonctionnement, y compris financier. Dans cette logique, nous avons récemment décidé de joindre cette petite note à nos devis et factures. Elle décrit la part de nos prestations qui finance de différentes façons plusieurs actions de bien commun :
Cette note est une réponse parmi d’autres à une question récurrente : comment exercer notre profession au profit du bien commun ? Les ateliers de design libre et ouvert font partie de cette réflexion, et le temps que nous consacrons à documenter nos créations sous licences libres ou porter des projets comme ceux-ci, vont dans ce sens.
Mais vous le savez comme nous, la tâche peut s’avérer complexe : entre les deadlines de clients qui s’enchaînent et les impératifs économiques de fin de mois, s’assurer de prendre ce temps de recherche, de documentation et d’action n’est pas si simple.
Créer cette note est donc une manière pour nous :
- D’affirmer un cadre de travail (que nous avions déjà) et de nous le rappeler.
- De valoriser ces actions auprès de ceux qui demandent nos services.
- D’insuffler évidemment nos valeurs en termes d’éthique dans la prestation.
- De réfléchir à des nouvelles formes économiques au sein d’une entreprise en accord avec nos ambitions (et inviter d’autres structures à y réfléchir avec nous ou à challenger ce modèle).
Le “20% bien commun”
Que dit ce graphique en détail ? Eh bien que 20% de la rémunération de la prestation contribuera à diverses actions d’intérêt général, en favorisant directement ou indirectement des solutions et actions bénéfiques pour tous. Une façon pour nous d’essayer de construire un modèle économique un peu plus vertueux. Il se divise comme ceci :
- 9% : Finance un temps de recherche interne nouveaux outils, d’écriture d’articles, de veille… placés en licence libre comme ici ou par ici.
- 6% : Finance des projets et évènements non lucratifs (comme ici ou ici).
- 3% : Finance un temps de documentation pour favoriser l’appropriation de projets (photos, notices, plans, tutoriels comme ici ou encore là)
… et 2% de “redistribution”
Toutes les actions citées avant sont surtout des choses que nous faisions déjà, ce document permettant surtout de les mettre à plat entre nous et de les communiquer auprès de ceux avec qui nous travaillons. En revanche les 2% de “redistribution” sont en test depuis cette année : donner 2% de notre chiffre d’affaire annuel à des organismes et associations d’intérêt général (liste en fin d’article) sur les sujets que l’on soutient (Transition écologique, défense des libertés et de la vie privée, promotion du libre, éducation, démocratie…). Il peut arriver également que ce don se traduise en don en nature (prêt de local, don de matériel, service, temps etc).
Cette “redistribution” a plusieurs raisons :
-
Nous ne pouvons pas être partout !
En donnant à ces associations nous soutenons un travail essentiel sur nos problématiques portées par des acteurs du terrain et que nous ne pourrions pas aussi bien porter. Certaines travaillent à un niveau mondial ou national tandis que d’autres sont très localisées. Par cette action nous prenons un peu part à leur projet. -
Repenser le rôle de l’entreprise
Nous donnions déjà en tant qu’individus à la plupart de ces associations. En créant de la valeur à travers l’entreprise nous pensons que nous avons la responsabilité de redistribuer une partie à des actions d’intérêt général. C’est en tout cas un essai pour penser et faire entreprise différemment, en accord avec nos valeurs. -
Il y a urgence
En matière d’environnement on vous apprend rien mais il vaut mieux se bouger rapidement. Donner une partie à des associations environnementales sur le terrain permet d’accélérer les actions en faveur du climat. -
Promouvoir ces associations.
Parce que ça nous fait plaisir d’avoir l’occasion de parler des gens et des structures qu’on apprécie à nos clients, peut-être qu’ils les soutiendront à leur tour.
Attention néanmoins…
D’abord il est évident que cela ne devrait pas se substituer aux financements publics de ces associations par l’État qui ont largement diminué au cours des 20 dernières années, mais devrait surtout les compléter.
Ensuite cette démarche doit être considérée dans une démarche responsable globale et cohérente pour ne pas être envisagée par certaines entreprises seulement pour se racheter une conscience ou faire de l’éthique/greenwashing. Restons donc vigilant ;)
Initiatives similaires
Sur cette question de la redistribution, nous avons identifié des initiatives similaires qui nous ont aussi inspiré :
- le 1% for the planet, collectif d’entreprises engagées à donner 1% de leur CA à des associations de protection de l’environnement (seulement 7% du mécénat est consacré à l’environnement en France). Certaines que nous avons choisis sont d’ailleurs dans la longue liste des assos françaises 1% planet : (comme ZeroWaste France, Mouvement Colibri, etc).
- Geoffrey Dorne qui parle de “perte comptable”.
Cette initiative est en test depuis le début de l’année 2019, si vous souhaitez échanger sur la démarche n’hésitez pas à nous faire des retours !
Liste des associations que nous soutenons cette année
- La Quadrature du Net
- Wikimédia France
- La Fing
- Electronic Frontier Foundation
- Zero Waste
- Mozilla Foundation
- Halte à l’Obsolescence Programmée
- Framasoft
- Designers Ethiques
- Collectif les sans pages
- Confédération Paysanne
- Mouton Numérique
- NegaWatt
- Reporterre
Merci à elles pour leur travail ❤️